La culture punique au Sahel tunisien entre le Ve s. et la première moitié du IIe s. av. J.-C.

Yamen Sghaier

, by Jean-Michel Colas

Yamen Sghaier, chargé de recherches historiques et archéologiques à l’Institut National du Patrimoine (Tunis). Invité scientifique international de l’ENS

Cycle de conférences
jeudi 24 janvier (salle Histoire), mercredi 30 janvier & 6 février 2019 (salle F), École normale supérieure, 45, rue d’Ulm, 75005 Paris.

Programme

- 24 janvier 2019, 16h-18h, ENS, salle Histoire, 45, rue d’Ulm, Paris 5e Séminaire d’histoire économique de la Méditerranée ancienne (coord. Julien Zurbach)
De la sphère domestique à la spécificité identitaire: les enseignements de la poterie modelée préromaine issue des contextes funéraires en Tunisie.

- 30 janvier 2019, 17h-19h, ENS, salle F, 45, rue d’Ulm, Paris 5 Séminaire d’histoire et archéologie de l’Occident
Lepti Minus (Lamta): une expression de la culture libyphénicienne.

- 6 février 2019, 17h-19h, ENS, salle F, 45, rue d’Ulm, Paris 5e Séminaire d’histoire et archéologie de l’Occident
La mort dans la cité punique de Thapsus au Sahel tunisien.

Ces trois conférences seront l’occasion de présenter un panorama de la culture punique et de son développement au Sahel tunisien (région Centre-Est du pays) depuis le Ve s. avant jusqu’à la chute de Carthage en 146 avant notre ère. La poterie modelée préromaine issue des contextes funéraires en Tunisie a souvent été considérée comme le parent pauvre des études sur le mobilier céramique, n’étant pas un marqueur chronologique précis. Cette manifestation de la vie quotidienne est une source de grande importance pour la compréhension de la construction d’une identité punique et le développement de l’artisanat de sa société. Une relecture de ces données permet de relancer le débat identitaire, principalement à travers l’étude des collections de la modelée du Sahel tunisien. Ce dernier est le pays des Libyphéniciens, un substrat libyque autochtone affirmé dans les cités puniques dont l’exemple de Lepti Minus est parmi les plus éloquents. Dans les nécropoles puniques de cette cité, l’image d’une société attachée à une culture libyque ancestrale est incontestable et la fréquence de la poterie modelée en est un témoignage de premier ordre. Cette production domestique a influencé le comportement des potiers, mais a aussi subi des changements notamment au contact avec la céramique importée grecque et italienne. Dans certains cas, l’inspiration dépasse la forme stricte pour atteindre l’imitation sur certaines céramiques tournées de l’engobe rouge caractéristique de la poterie modelée sahélienne. La « punicité » de la région du Sahel n’obéit pas un modèle unique, l’exemple du monde funéraire de la fameuse cité de Thapsus montre une diversité qui n’est en rien comparable à la cité avoisinante de Lepti Minus. Cette diversité est perceptible à travers la variété des éléments du mobilier funéraire et la fréquence des produits importés surtout la céramique fine et les amphores. Dans cette même sphère culturelle, historique et géographique, le comportement de la population envers la mort dévoile un contraste opposant un cadre régional à des spécificités locales.

Yamen Sghaier, chargé de recherches archéologiques et historiques, Section Antiquité - Institut National du Patrimoine (Tunis) ; chargé de cours à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sousse ; conservateur des sites antiques aux gouvernorats de Sousse et Monastir : Pheradi Maius (Sidi Khelifa) – Horrea Caelia (Hergla) – Uppenna (Henchir Chgarnia) – Thapsus (Bekalta) ; responsable des réserves archéologiques du musée et site de Carthage ; membre du programme tuniso-français sur le site de Dougga depuis 2017. Spécialiste du monde funéraire, de l’artisanat et de la céramique punique.

Publications

- Y. Sghaïer « L’architecture funéraire punique, Étude comparative entre le Cap Bon, la Sicile et la Sardaigne », dans Actes du 1er séminaire La Carthage punique : diffusion et permanence de sa culture en Afrique antique, Tunis, 2010, p. 203-223.
- Jean-Yves Monchambert, Imed Ben Jerbania, Mehdi Belarbi, Luisa Bonadies, Héloïse Bricchi-Duhem, Marie De Jonghe, Yves Gallet, Jihen Nacef, Yamen Sghaïer, Amel Tekki, Erwan Thébault et Ségolène Vermeulen, « Utique Rapport préliminaire sur les deux premières campagnes de fouilles de la mission franco-tunisienne, 2011 et 2012 », dans Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome, 2013, p. 1 – 57.
- Y. Sghaïer, « La nécropole punique d’El Mansourah à Kélibia (Cap Bon –Tunisie) », Revue d’Archéologie Tunisienne, 2015, p. 7-44.
- Sghaïer 2016, Y. Sghaïer, « La céramique punique de la nécropole d’El Mansourah à Kélibia- Cap Bon – Tunisie », Karthago Dialoge, 2016, p. 159-173.
- Sghaïer 2017, Y. Sghaïer, « La représentation du guerrier dans l’univers libyco-phénicien », dans Guerre et Religion dans le monde punique, Tunis, 2017, pp. 243-256.
- Y. Sghaïer, « La cuisson du pain dans l’univers punico-libyque en Afrique du Nord », Bulletin de la céramique égyptienne, 27, 2017, p. 213-221.
- H. Ben Younes et Y. Sghaïer, Leptis Minus (Lamta), une expression de la culture libyphénicienne, Les nécropoles puniques, la céramique, INP, Tunis, 2018.
- Y. Sghaïer, « Céramique punique à Henchir El Khenaïs (Beni Khiyar - Cap Bon) », REPPAL, XIV, 2019. Y. Sghaïer, « À propos d’un bol à oiseau à Carthage », Carthage Studies, sous presse.

Cycle de conférences Y. Sghaier janvier-février 2019

Responsable : Véronique Brouquier-Reddé