La mer tyrrhénienne et la Corse
Solène Chevalier &
Marc-Antoine Vella

, par Jean-Michel Colas

Vendredi 8 novembre 2019, 11h-13h, salle F (escalier D, 1er étage). École normale supérieure, 45, rue d’Ulm, 75005 Paris.
Conférence dans le cadre du séminaire « Géographie historique et géoarchéologie »


Séminaire « Géographie historique et géoarchéologie » 8 novembre 2019

Occupation et structuration de la côte tyrrhénienne orientale
(milieu du IIème millénaire – 1ère moitié Ier millénaire av.n.è.)
Solène Chevalier

Cette présentation propose une synthèse analytique des processus d’occupation du littoral entre le milieu du IIe millénaire et le milieu du Ier millénaire av.n.è. Elle vise à décrire la mise en valeur des ressources naturelles par les populations côtières, la structuration de l’habitat sur la côte et dans l’espace rétro-côtier, ainsi que la création et la résilience des réseaux de communication maritimes, terrestres et fluviaux. Cette communication entend mettre en évidence le statut d’interface du littoral, qui constitue un espace de continuités et de discontinuités environnementales et culturelles. Le concept d’interface sera exploré en particulier dans le cadre des relations qui se nouent dans le canal de Corse. Cette communication privilégie donc une approche par les réseaux, afin de mettre en relief l’ensemble des relations qui se nouent sur les côtes insulaires et péninsulaires, en lien avec l’environnement littoral.

Évolution du paysage depuis l’Holocène moyen en Corse (Méditerranée occidentale)
Landscape change since Mid-Holocene in Corsica (Western Mediterranean)
Marc-Antoine Vella (UMR 7619 METIS, UMR 7041 ARSCAN)

Une étude interdisciplinaire intégrée (géomorphologie, prospections géophysiques multi techniques, sédimentologie et palynologie) montre que les paysages de la côte sud-ouest de la Corse ont été profondément modifiés par l’homme et le climat depuis 3000 ans av. J.-C. Des transformations paysagères significatives et rapides sont enregistrées entre le Chalcolithique et le Bronze Moyen (3000-1300 av. J.-C.). Plusieurs événements détritiques majeurs (2,2 ka BC, 1,2 ka BC) et locaux (3000 BC) ont affecté la vallée inférieure du Taravo en relation avec les changements climatiques globaux et les activités anthropiques. La dynamique de la végétation depuis 3000 av. J.-C. montre une alternance de phases d’agriculture et d’abandon jusqu’à la disparition complète des populations forestières d’origine aux alentours du marais Canniccia. Une phase précoce de culture d’Olea est enregistrée entre 2900 et 2300 av. J.-C. Les restes de plantes indiquent que des céréales, de la vigne et de nombreuses espèces de Fabaceae ont été cultivées à proximité des sites archéologiques au cours du Chalcolithique moyen à la fin. L’événement de 2,2 ka av. J.-C. correspond à une phase d’abandon dans la basse vallée du Taravo. Le pastoralisme a dominé les activités agricoles entre 2200 et 1700 av. À l’époque romaine, l’agriculture est caractérisée par la culture de l’olivier et de la vigne. Un nouveau sommet du pastoralisme et de la culture de Castanea sont notés pendant les périodes d’invasion (500 à 1000 ap. J.C.), montrant que les invasions n’ont pas perturbé les activités agricoles de la vallée du Taravo. Au cours de la période de Pise (de la fin du IXe siècle à la fin du XIIIe siècle), le pastoralisme a décliné et la vigne et les céréales ont été cultivées à proximité du marais de Canniccia. Depuis la période de Gênes (fin du 13e s. jusqu’en 1769), on a enregistré un déclin de l’agriculture et une recrudescence de la forêt (maquis et pin), conduisant à l’établissement d’un paysage végétal actuel dominé par un maquis à Erica Arborea.

Responsable : Anca Dan