SEMIOGRAPHMON, Sémiologie graphique sur les monnaies celtiques
Projet de l’IRIS Scripta-PSL, Histoire et pratiques de l’écrit, APP4

, par Jean-Michel Colas

Si la langue celtique n’a laissé que peu de témoignages écrits pour les périodes protohistoriques, les Celtes de l’âge du Fer ont laissé une importante documentation iconographique dont les pièces de monnaies demeurent le support le plus éloquent (tant au niveau du nombre que de la variété des représentations). Néanmoins, l’iconographie monétaire n’a été que très partiellement analysée. Les approches se fondent le plus souvent sur des études stylistiques, mais aucune recherche globale n’a encore été menée sur des critères quantitatifs, ou sur des analyses spatiales et statistiques de vaste ampleur.

Un examen plus approfondi du corpus d’images montre un usage de la plénitude de l’espace pictural et l’introduction d’un vocabulaire stylistique complexe, mais visiblement codifié que l’on retrouve sur tous les objets décorés de la période (fourreaux, torques, monnaies…). Les images centrales des droits (côté face) et des revers (côté pile), ainsi que les différents symboles monétaires présents au pourtour de ces éléments centraux semblent très codifiés. Leur position sur la pièce et leur traitement doivent être exploités d’un point de vue statistique et cartographique afin de mieux appréhender les phénomènes perçus et leur sens. Les inscriptions monétaires, bien que limitées à certains types, associent parfois plusieurs alphabets ou caractères. Les ressources numériques offrent de nouvelles opportunités de travail. Le premier objectif est de créer, à partir des bases de plusieurs chercheurs, une base unique et collaborative accessible sur Internet. Celle-ci sera développée en open source et accessible, à terme, en langue anglaise. La base sera également adaptée à l’ontologie numismatique internationale (développée sous nomisma.org). Parallèlement, un moteur de recherche et un stockage des documents numériques liés à la création et à l’exploitation 3D des scans de monnaies devront être mis au point. Deux corpus seront utilisés comme test, le premier correspond aux monnaies riédones du trésor de Liffré (Armorique) le second comprendra des monnaies padanes (Gaule cisalpine, Italie) qui devront être scannées dans le cadre de ce projet, pour aborder les problèmes des alphabets et des légendes monétaires dans des langues rares (étrusque, lépontique…). Ce projet s’inscrit donc à la fois dans l’Axe A. ÉCRITURES ET LANGUES,ÉCRITURES COMPLEXES logo-phonétiques et hétérographies : dimensions linguistiques et cognitives ; valeur ajoutée du signe logographique, jeux graphiques, interactions avec la culture visuelle, dans l’Axe C. ÉCRITURES EXPOSÉES, ÉCRITURES DANS L’ESPACE et dans l’Axe F. ÉDITION SAVANTE NUMÉRIQUE, avec la volonté de renseigner nos documents issus de nouveaux supports 3D, par l’adaptation de la TEI (Text Encoding Initiative) avec un référencement en « dublin core ». Il s’agit donc de rendre visible sur le net plusieurs années de collaboration entre l’ENS-PSL, MinesParistech-PSL et les premier résultats d’une thèse supportée par PSL, et de fédérer les travaux menés par le CNRS dans ce domaine.