Recherches sur les amphores en Anatolie
Dominique Kassab Tezgör

, par Jean-Michel Colas

Cycle de conférences janvier 2018


Programme

- Mardi 16 janvier 2018, 13h-15h
Salle Fabri de Peiresc, Institut National d’Histoire de l’Art, 6, rue des Petits Champs, 75005 Paris.
- Vendredi 19 janvier, 9h45-11h45
Salle Fabri de Peiresc, Institut National d’Histoire de l’Art, 6, rue des Petits Champs, 75005 Paris.
- Mardi 23 janvier, 13h-15h
Salle Fabri de Peiresc, Institut National d’Histoire de l’Art, 6, rue des Petits Champs, 75005 Paris
- Jeudi 25 janvier 17h30-19h30
salle F, École normale supérieure, 45, rue d’Ulm, 75005 Paris

Présentation

L’Asie Mineure comme zone des transferts : la circulation des savoirs, des techniques et des marchandises, à la lumière de l’archéologie 

Aux époques hellénistique et romaine, l’Asie Mineure se distingue à la fois par son rôle créateur, et par sa capacité à assimiler les influences reçues et à les transmettre. C’est donc la création, l’adoption et les transferts d’idées et de formes, souvent par l’intermédiaire du commerce, qui se trouvent au centre des recherches de Mme Dominique Kassab Tezgör. Les centres de production et les voies de transmission sont au cœur de ses enquêtes. Deux types d’objets céramiques sont pris en considération : les amphores, étudiées en tant que conteneurs communs de transport, et les statuettes, vecteurs d’idées religieuses et artistiques.

Le premier axe, les amphores, concerne les échanges commerciaux de Sinope, la ville la plus importante de la côte nord de l’Anatolie, avec le reste de la mer Noire et avec la Méditerranée. Retrouvées aussi à l’intérieur des terres, le long du Danube ou de l’Euphrate, les amphores sinopéennes témoignent de l’articulation entre transport par voie fluviale et par voie maritime, voire par voie terrestre. Par leur aspect pratique pour transporter des marchandises bien précises, ces envois ont générés des transferts de technologie et de formes, puisque ces conteneurs ont été imités simultanément dans plusieurs ateliers amphoriques.

Les figurines de terre cuite offrent un autre exemple de transfert, à la fois de technique de fabrication et de thème iconographique. Des centaines de statuettes de femmes drapées ont été trouvées dans la nécropole de Myrina, petite cité éolienne au nord de Smyrne. Les principaux types ont été créés à Athènes et ont été ensuite adoptés en Asie Mineure. Lorsque cette mode d’origine grecque s’est éteinte, c’est vers les modèles de la grande sculpture que les ateliers de Myrina se sont tournés, pour créer une iconographie propre, par exemple avec des figurines ailées. Il est intéressant à cet égard de comparer à la même époque la fabrication des statuettes à Alexandrie, qui elle aussi a adopté les figurines de femmes drapées depuis la Grèce, mais n’a pas su trouver un second souffle et renouveler les sources de son inspiration. Dominique Kassab Tezgör a reçu un Doctorat de troisième cycle en Histoire et Civilisation de l’Antiquité à l’Université de Paris IV-Sorbonne (« Recherches sur quelques ateliers de coroplathie de Myrina à l’époque hellénistique. Étude archéo­logique et analyses de Laboratoire ») et une Thèse d’État à l’Université des Sciences Humaines de Dijon (« Recherches sur l’artisanat hellénistique en Méditerra­née orien­tale : quelques ateliers de figurines et de lampes en terre cuite en Asie Mineure et en Égypte »). Elle a obtenu en outre le diplôme d’Histoire de l’Art et de Muséologie à l’École du Louvre.

Sa carrière a commencé comme Pensionnaire à l’Institut français d’Études Anatoliennes à Istanbul. Elle a rejoint l’Université de Bilkent à Ankara en 2000, où elle a reçu le titre de Associate Professor en 2004, puis de professeur en 2011. Elle est la directrice du département d’Archéologie depuis juillet 2017. 

Outre la production des figurines de terre cuite à l’époque hellénistique et romaine à Myrina en Anatolie et à Alexandrie en Égypte, ses principales recherches sont tournées vers les amphores produites dans les sites de mer Noire, en particulier à Sinope. Elle fut la directrice scientifique entre 1993-2000 des fouilles d’un atelier amphorique situé au sud cette ville considérée comme une des plus importantes de la région. En tant que conseillère du Ministère turc du Tourisme et de la Culture, elle a participé à la rénovation du musée de Sinope, et en particulier à la salle consacrée aux fouilles de l’atelier. Une réplique d’un four d’amphores construite par les étudiants du Studio de Céramique de Bilkent y est exposée. 

Ses recherches ont abouti à de nombreuses publications internationales, articles et livres. Elle prépare actuellement un Corpus des amphores produites en mer Noire pendant l’époque romaine à partir des collections des musées de la côte nord de la Turquie. Elle a organisé plusieurs rencontres, Symposiums ou Tables-Rondes, et récemment une des trois Journées d’Études sur les Fleuves Anatoliens (novembre 2016) à l’Université de Bilkent, en collaboration étroite avec le Labex TransferS de l’École normale supérieure (Anca Dan, AOROC, UMR 8546 ENS), ainsi que l’Université de Shota Rustaveli University (Nino Inaishvili, Batoumi), l’Université d’Artois (Stéphane Lebreton, Arras) et l’Institut Français d’Études Anatoliennes (Istanbul). Plusieurs récompenses professionnelles lui ont été décernées, dont un doctorat Honoris Causa à l’Université Shota Rustaveli à Batoumi et un diplôme honorifique du musée National de Géorgie à Tbilissi. Son livre Catalogue des lampes en terre cuite du Musée archéologique d’Istanbul, dont le co-auteur est Tahsin Sezer (Musée archéologique d’Istanbul), a reçu le prix Gustave Mendel de l’Académie des Belles-Lettres. 

Voir sur le site du labex TransferS

Conférence jeudi 25 janvier 2018

Responsable : Anca Dan