Histoire de la construction.
Isolation et ventilation
Séminaire | Journée
Mardi 16 novembre 2021, 10h-17h
Pavillon de l’Arsenal
Séminaire Histoire de la construction (1/10)
organisé par
_ Le Centre de théorie et analyse du droit (CTAD ; UMR 7074, CNRS - Université Paris Nanterre),
_ le laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (UMR 8546, ENS-CNRS-EPHE)
et
_ le laboratoire Orient & Méditerranée. Textes Archéologie Histoire (UMR 8167, CNRS-Sorbonne Université-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
_ avec le soutien de l’EUR Translitterae.
Pavillon de l’Arsenal - 21, Bd Morland, 75004 PARIS (le Pass sanitaire est exigé à l’entrée du Pavillon de l’Arsenal).
Programme
10h. Introduction, par Hélène Dessales, ENS, AOrOc
- 10h15. Evelyne Bukowiecki, Laboratoire d’archéologie, École française de Rome
Ce que l’archéologie nous dit des conditions de conservation dans les entrepôts romains
Résumé : L’engouement international de ces dernières années autour des entrepôts romains et de l’étude des capacités de stockage dans l’organisation des économies anciennes a permis de réactualiser considérablement l’importante synthèse sur le sujet de Geoffrey Rickman de 1971 « Roman Granaries and Store Buildings ». Plusieurs récents projets archéologiques autour des entrepôts de la région de Rome ont d’ailleurs orienté leurs objectifs de recherche sur le fonctionnement plus technique et logistique de ces édifices, et en particulier sur les systèmes de ventilation et d’isolation mises en oeuvre dans les espaces de stockage pour garantir une meilleure conservation des marchandises qui devaient transiter par ces entrepôts avant d’être acheminées ou redistribuées vers l’Urbs. L’intervention présentée propose ainsi de faire le point sur les traces archéologiques disponibles sur ces dispositifs techniques et d’ouvrir la réflexion sur leurs possibles interprétations fonctionnelles.
- 11h15. Emilie Leal et Ghislain Vincent, INRAP, Laboratoire « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (UMR 5140, Montpellier)
Bâtir en terre crue. Modalités d’isolation thermique dans un quartier de Nîmes, Gard (IV e s. av.-I er s. ap. J.-C.) : le site de la rue Rouget de Lisle
Résumé : Au mitan de cette année 2021, s’est achevée la fouille de la rue Rouget de Lisle à Nîmes (Gard). Conduite sous la direction de Ghislain Vincent (Inrap), elle a livré, sur une superficie de près de 3000 m², les vestiges d’une occupation s’échelonnant de la fin du VIIe s. av. J.-C. jusqu’au milieu du IIe s. ap. J.-C. D’abord rurales et péri-urbaines, les installations occupent un vallon nord-sud escarpé et se structurent autour d’une voie. L’ensemble construit le plus ancien, daté IVe s. av. J.-C, est une habitation entourée d’espaces ouverts empierrés encore située hors les murs. Les installations ne prennent un réel caractère urbain qu’à partir du IIIe s. av. J.-C. et se présentent alors sous la forme de lanières plus ou moins régulières, orientées est-ouest de part et d’autre de la voie. Dans le courant du Ier s. av. J.-C., apparaissent des maisons à cour, que les constructeurs tentent d’insérer au mieux dans le canevas urbain précédent. La totalité du quartier, depuis sa création au IVe s. av. J.-C. jusqu’à ses dernières reconfigurations, relève d’une architecture en terre crue massive. La topographie particulière du site, marquée par un fort pendage et des versants abrupts, a induit une mise en oeuvre et des choix techniques adaptés à ces contraintes, aptes à assurer aux différents bâtiments toute la stabilité et le confort requis, en termes d’isolation thermique notamment. L’étude du site n’en est qu’à ses prémices ; cette présentation se propose d’en exposer les premiers résultats portant sur les spécificités techniques en lien avec ce séminaire.
12h30-14h. Déjeuner
- 14h. Jean-Christophe Valière, Université de Poitiers
Tirer le rideau : les préoccupations acoustiques des religieuses de l’abbaye de Montivilliers
Résumé : Au XVIIe siècle, l’église de Montivilliers est séparée en une partie monastique, « Notre-Dame » et une partie paroissiale « Saint-Sauveur », au moyen d’une grille et un rideau. Cet ensemble ecclésiastique fait l’objet de travaux incessants pour des raisons acoustiques sur une cinquantaine d’année dans la première partie du siècle concerné. Une opération de recherche financée en partie par le ministère de la culture vise à mieux comprendre quelles étaient les intentions des religieuses dans ce domaine. Pour ceci une équipe pluridisciplinaire composée d’archéologues, d’un céramologue, d’acousticiens et d’une linguiste s’est mobilisée pour mieux comprendre ces intentions au moyen de l’étude du bâti, de mesures acoustiques et de la lecture du cérémonial et du registre journalier sur la période considérée. Après une contextualisation de cette recherche, la conférence se concentrera sur les récriminations des religieuses au regard du bruit et de la réverbération et des solutions qu’elles tentent d’y apporter. [L’équipe de recherche est composée de : Pauline Carvalho (resp. de l’étude), Bénédicte Bertholon, Estèle Dupuy, Jean-Dominique Polack, André Texeira, Laurent Philippon.]
- 15h. Boris Hamzeian, École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
L’évolution du système de climatisation du Centre Pompidou. Vers une nouvelle figure de l’architecture. A la mémoire de Tom Barker, ARUP
Résumé : L’interrogatif de l’intégration des services techniques dans l’architecture a joué un rôle crucial dans l’histoire de la construction d’après-guerre. Le Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou de Paris, conçu et réalisé entre 1971 et 1977 par l’agence d’architecture Piano+Rogers Architects et le bureau d’étude Ove Arup and Partners, est un excellent exemple à cet égard. Au lieu de recourir à des solutions traditionnelles telles que les zones de service ou les plafonds suspendus, Richard Rogers et Renzo Piano ont choisi d’exposer tous les services techniques du bâtiment - des gaines de climatisation au système de circulation des personnes et des marchandises - tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Exilés hors de l’enveloppe et placés à l’intérieur des deux “3-dimensional Walls” constituant l’ossature primaire du bâtiment, ou plutôt accrochés sur eux, les services du Centre Beaubourg ont été conçus pour servir le principe de “maximum flexibility of use". Au cours du processus de conception, le raffinement de ces éléments et l’abandon des écrans audiovisuels destinés à animer les façades principales du Centre, ont donné aux services techniques une valeur esthétique sans précédent. Initialement imaginés comme de simples outils fonctionnels, les services techniques du Centre Pompidou sont devenus des dispositifs symboliques et didactiques destinés à faire du bâtiment une machine à l’échelle humaine, à la fois joyeuse et compréhensible. Cette communication se concentre sur l’un des principaux réseaux techniques du Centre Pompidou, le système de climatisation, et vise à retracer la genèse et l’évolution de cet élément à travers toutes les phases du processus de conception depuis les premières idées animant la préparation de la proposition du concours jusqu’à la préfabrication de la solution construite réalisé grâce à la synthèse entre l’imagination de l’architecte Laurie Abbott (Piano+Rogers Architects) et la coordination technique de l’ingénieur Tom Barker (Ove Arup & Partners).
- 16h15. Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction.
Programme complet (avec présentation des orateurs, résumés et bibliographie) : voir fichier joint.
Fig. : Tour de ventilation ronde, située sur le conduit du tunnel de Badaling, sur la ligne de chemin de fer de Jing–Zhang (ou Pékin–Zhangjiakou), 1909 © WikiMedi Commons.